4 Ares Mars Maspiter Dieu de la guerre offensive, ancien dieu du tonnerre et de l'agriculture.
Mars dieu regalien
l’orage relève de la divinité guerrière et aucunement de la divinité céleste. les premiers Grecs avaient en vérité un dieu purement du ciel, Zeus, et un dieu de l’orage et de la guerre, Arès. Par contamination spirituelle, la fonction orageuse se transféra de fils en père ; elle passa d’Arès à Zeus. L’exemple grec incita probablement les Romains à faire de pareil. Mais cette évolution fut plus lente qu’on l’imagine.
Dans beaucoup de textes latins et notamment dans le mythe de Romulus et Remus, Jupiter apparaît comme un dieu purement céleste et Mars est bien le dieu de l’orage. Il enlève Romulus sous la forme d’un orage et le taureau, symbole de la foudre, lui est lié.
En vérité, Zeus et Jupiter sont des exceptions dans le monde indo-européen et il y a fort à parier que ce particularisme est dû à l’influence de la première vague de population européenne, celle qui fonda la civilisation ibérique ou la Crète et qui n’était pas de langue indo-européenne mais d’une langue dont le basque et le géorgien sont probablement les derniers survivants. Ils ignoraient le schéma indo-européen et ne connaissaient qu’une religiosité bi fonctionnelle entre le dieu du ciel et de l’orage, le dieu taureau des Crétois, et la déesse de la terre, la Grande Mère du monde méditerranéen
Marspiter.
L'origine de son nom est discutée : les uns la rattachent à une racine mar ou mas, qui signifierait la force génératrice,
d'autres adoptent la racine mar avec le sens de briller,
ce qui impliquerait que Mars fut d'abord une divinité solaire.
Le formes les plus anciennes de son nom sont Maurs et Mavors, d'où est venue par contraction la forme usuelle Mars.
D'autres formes (Marspiter et Maspiter) ont été créées par l'adjonction du terme pater en comparaison avec Jupiter Diespiter
Mars est sans doute le plus romain des dieux, Son culte eut la préminence sur celui de Jupiter.
Ensuite parce que ses fonctions de dieu de l'agriculture, puis de dieu de la guerre, correspondent aux deux états successifs du citoyen romain, qui fut un agriculteur avant d'être un conquérant.
Fils de Jupiter et Junon, Mars touche de très près à l'histoire de Rome, d'abord parce que la tradition fait de lui le père de Romulus.
Mars (Mamers) figurait au nombre des douze frères Arvales et des dieux Lares, divinités tutélaires de la ville de Rome. Il était de plus au nombre des dii consentes, qui commandaient aux éléments et présidaient aux évolutions de l'année; aussi la vieille année romaine, instituée par Romulus, fils de Mars et d'Ilie, ou de Réa Silvia, commençait-elle par le Ie mois de Mars.
Le mois de Mars. - C'était le premier mois de l'année; les Romains lui avaient donnéMinerve pour divinité tutélaire, quoiqu'il prit son nom de dieu Mars. il était symbolisé par un homme vêtu d'une peau de louve, allusion à la nourrice de Rémus et de Romulus. Ausone place auprès de lui un bouc pétulant, une hirondelle qui gazouille, un vase plein de lait, qui, avec l'herbe verdoyante, annoncent le retour du printemps. Le printemps est en effet non seulement la saison de la végétation, mais aussi la saison de la guerre; c’est Mars qui guide les jeunes gens qui émigrent lors des printemps sacrés pour fonder de nouvelles villes.
Le nom du champ de Mars, des temples, des fêtes, parmi lesquelles on remarque surtout les Equiries, témoignent de l'importance de son culte à Rome. Le loup , l'épervier, le coq, et de plus le gazon, la planète Mars, ainsi que le mardi, lui étaient consacrés.
Mars Sylvanus, dieu guerrier agricole.
Mars crut en outre, comme époux de la vestale Rea Silvia, surprise par lui en plein sommeil, père de Romulus et de Remus.
Ses attributions furent d'abord rustiques.
Dans les temps anciens. Mars est le dieu de la végétation et de la nature génératrice. Sous le nom de Silvanus, qui devint par la suite une divinité distincte, il préside à la prospérité des troupeaux.
Il habite les regions de forêts et de montagnes. Il protège aussi, de façon générale, l'agriculture : à ce titre, on le trouve associé à Robigus qui préserve les blés de la rouille (robigo).
Mars apparaît encore comme un dieu purement agricole dans les fêtes desAmbarvalia, qui étaient célébrées le 29 mai à Rome. C'étaient des fêtes de purification. On offrait à Mars les suovetaurilia, au cours desquels on promenait un porc, un bélier et un taureau avant de les immoler au dieu.
Tous ces détails, joints à ce fait que Mars était le dieu du printemps: et que ses fêtes les plus importantes étaient célébrées à cette époque, montrent que Mars était un dieu essentiellement agricole. On l'appelait Mars Sylvanus .
Mars figure aussi, on l'a dit, dans le chant des Arvales, collège de prêtres chargés du culte de Dea Dia, déesse champêtre, proche parente de Cérès.
On retrouvera le concept de Mars dans le Gaulois Esus
Mars Gradivus, l'assaillant Dieu de la Guerre.
Ses attributions guerrières ne vinrent qu'ensuite et finirent d'ailleurs par supplanter les autres, qui furent transférées à Cérès et à Liber. Mars est le dieu des batailles. On l'honore dans son temple de Rome avant de partir en expédition. Avant le combat on lui offre des sacrifices, et après la victoire on l'associe au partage du butin. Mars paraît d'ailleurs quelquefois sur le champ de bataille, escorté deBellona et de Vacuna, déesses guerrières : de Pavor et de Pallor, qui inspirent la terreur aux ennemis; de Honos et de Virtus, qui insufflent l'honneur et le courage aux Romains. Mars conserve alors son précédent surnom de Mars Gradivus (de grandiri = devenir grand)., mais celui-ci change, par corruption, de sens et se rattache au verbe gradi = marcher. Il s'agit donc d'un Mars fantassin. Après la victoire, il est accompagné de Vitula et de Victoria.
Sa compagne (soeur, épouse ou fille) Bellone avait à Rome un temple célèbre près de la porte Carmentale. Le Sénat y donnait audience aux ambassadeurs. En face de ce temple se dressait la "colonne de guerre", que le fécial frappait de sa lance lors d'une déclaration de guerre. Les prêtres de Bellone étaient choisis parmi les gladiateurs.
Mars Qurinus...le Mars en temps de paix
Jupiter , Quirinus, Mars étaient distingués dans le panthéon romain archaïque où ils formaient une triade pre capitoline.
Quirinus, est un dieu romain regardé comme le protecteur et la personnification du peuple des Quirites, c.-à-d. des Romains primitifs, envisagés comme communauté politique ( populus Romanus Quiritium selon la formule diplomatique.
Quirinus est le nom sacré de Romulus, dont on dit qu'il avait été changé en ce dieu, lors du violent orage pendant lequel il disparut; cette identification avec le héros éponyme de la cité romaine a été expliquée de deux manières :
Quirinus serait issu de *couirino- (*co-uirio- + suffixe) et serait donc le dieu de l’ensemble des hommes. Il serait un Mars civil pacifique et agraire issu d' un Ancien dieu Tonnant :
Il figurerai un binôme céleste dont l’un des membres est le ciel lui-même (Dyaus, Odin, Dievas, etc.) et l’autre un dieu tonnant et combattant, subordonné (Indra, Thor, Perkunas, etc.). Parfois, ce binôme pose de stricts équivalents linguistiques : Dyaus/Parjanya ; Dievas/Perkunas par exemple.
Même lorsque les noms sont oubliés, ce binôme existe : Odin et Thor ; Dagda et Lug.
Seulement en Grèce et en Italie, le dieu céleste (Zeus et Jupiter) et un autre dieu guerrier (Arès et Mars) ont récupéré tout ou partie des attributs du dieu tonnant.
Il est donc tout à fait possible qu’un tabou, en Grèce et à Rome, ait agi sur le nom de ce dernier dieu. La différence étant qu’en Grèce ce nom est devenu épithète de Zeus, Kéraunos (encore qu’il se soit peut-être aussi réfugié sous une autre forme dans Phorkys), alors qu’en Italie et à Rome, il est resté un dieu indépendant mais méconnu, Quirinus.
MARS ET QUIRINUS AGRAIRES ?
Mais tous les personnages cités ci-dessus à titre de comparaison sont aussi liés aux récoltes et à leur protection.
Dès le Moyen Âge, Thor est le protecteur des récoltes, ce qui se retrouve aussi en Suède septentrionale, où il est « le bon paysan ; le bonhomme du blé ; des champs.
Chez les Baltes, on prie Perkunas/Perkons pour qu’il fasse tomber la pluie, de façon à ce que les jeunes pousses ne dessèchent pas.
Les Mordvins font de même pour Purgine-pas et son avatar chrétien Il’ja (Élie), tous deux empruntés aux Slaves.
On remarquera au passage que chez les Hittites, Tešub, dieu de l’orage, a pour fils Telepinu, dieu de la végétation (lequel est aussi capable de lancer des éclairs).
Lorsque celui-ci est en colère, il tonne, s’en va et le pays se dessèche. En Inde, donc, les Maruts appartiennent à la classe des agriculteurs-éleveurs.
Cela revient à dire que la question d’un Mars ou d’un Quirinus « agraire » est un faux problème, si on accepte la théorie de Quirinus comme ancien dieu tonnant.
Dans le monde indo-européen et même au-delà, tous les dieux de l’orage sont liés à la fécondité, aux récoltes : ils en sont les protecteurs, protection effectuée par les armes.
Le dieu de l’orage est donc guerrier, mais par ses aptitudes, il protège la troisième fonction indo-européenne, fonction reproductrice, et non fonction agricole