0 Sucellos, Le Dagda Gaulois DisPater Silvanus celte archaïque
La divinité du panthéon gaulois nommée sucellos - latinisé en Sucellus, Suacelus ou Suecelus - est une figure complexe.
Il est mentionné dans quelques inscriptions et représenté sur plusieurs monuments en territoires celtes. C'est un dieu hybride qui n'est peut être pas celte d'origine. sûrement apparu à l'âge de bronze dans la vallée du Rhône et de la Saône.
Sucellus était au départ un dieu multifonctionnel celtique archaïque d'origine Hallstattienne:
- Silvain-Liber pater- Bacchus dieu de la fertilité
- Dis pater Vulcain père de la race gauloise et protecteur des morts, des hommes et du foyer
- Mars Tonnant
Naîtra une assimilation avec un Mars indigène pre-celtique solaire et agricole, dieu Des sources guerisseuses dans le cadre d'un jaillissement des sources par la frappe des foudres sur le sol et dans celui ci la résurrection des morts par le voyage maritime vers l'au delà, l'alliant à une Déesse Terre;
"Celui qui frappe bien"
Sucellus - dont le nom signifie celui qui frappe "fort", ou "bien" - est représenté comme un homme barbu, vêtu à la mode gauloise (tunique, capuchon, braies ou bottes), porteur d'un petit pot (une olla) et d'un maillet.
Ce maillet à deux têtes peut symboliser plusieurs choses : la construction, la force, la foudre ou les tremblements de terre… Mais c’est surtout le symbole d’une mort qui entraîne la résurrection.
Ce maillet a été rapproché de la massue du Dagda, dieu druide, Son équivalent irlandais, qui tue les hommes mais les ressuscite dans « l'autre monde ».
Le marteau/maillet est l'outil par excellence qui transforme la matière en objet, le métal en outils ou arme.
C'est un objet magique de transmutation faisant passer d'un état à l'autre.
Il donne la vie comme une arme divine et la mort comme une arme humaine.
Symbole de foudre et de pluie, c'est un objet de fécondité, le ciel qui féconde la terre. Il est le symbole phallique des mariages et assure la fécondité.
Sucellus est donc d'abord un passeur d’âmes. Ce qui correspond à la spiritualité gauloise, fondée sur l’immortalité de l’âme et la croyance en la réincarnation.
Le passage aux enfers est souligné par la présence, parfois, à côté de Sucellus, d'un chien, symbole des puissances infernales(pensons à Cerbère !) ou de Dis Pater, le dieu des enfers dont les Celtes prétendaient être les descendants.
Les quelques informations dont disposent archéologues et historiens permettent de préciser son rôle, polymorphe, qui associe mort et résurrection. Le Dis Pater, il n'est pas le maître du royaume des morts mais décide de qui vit et meurt;
Bien évidemment, la olla renforce le symbolisme de la renaissance.
La olla, (parfois transformée selon les régions en chaudron, tonnelet, amphore vinaire) est symbole de vie, de résurrection et de fertilité.
Aussi, Sucellus DisPater évoluera dans le sud au 2eme/3eme en Sucellus Silvain Il sera considéré comme dieu de la nature nourricière, des forêts, des champs et (chez la tribu gauloise des Eduens, en Bourgogne)… Représenté avec la déesse Nantosuelta, il peut même signifier la prospérité domestique et familiale.
Quant au fait que la olla symbolisant la re-naissance soit remplie de vin, cela... coule de source, et renvoie à la signification première - dans une autre mythologie - de Dionysos, étymologiquement "le dieu né deux fois".
Cet enchaînement de la mort et de la résurrection est largement illustré par le cycle de la vigne, noire et squelettique en hiver, puis explosant de vie au printemps.
En raison de ses attributs (maillet, tonnelet, olla, chaudron…), Sucellus Silvanus est devenu au fil du temps, selon les besoins, le dieu des tonnelliers, des bûcherons, des brasseurs et viticulteurs…le Liber Pater Bacchus
Sucellus a commencé sa nouvelle "carrière" pendant la periode Romaine après l’interdiction du druidisme dans un contexte religieux plus « moderne » que Esus Cernunnos.
Autre et dernière Evolution dans l'est: Sucellos Vulcain remplaçant ainsi Taranis, le marteau de Vulcain qui forge les éclairs de Jupiter, le maillet de sucellus remplaçant les éclairs du Taranis.
Quand le marteau (=éclairs ) de sucellus frappe le sol il fait jaillir à la surface les sources de Rigani.
SUCELLUS a donné naissance à L'Ankou (le dernier mort de chaque année devient pour un temps l'ouvrier de la mort), qui pas plus que sucellus, n'est le dieu de l'Autre Monde mais il est celui du Passage. Il préside non à une assemblée de défunts, mais au moment de la transformation, en somme à l'instant du Maillet. Le légendaire breton moderne fait de lui l'être le plus puissant qui soit. Il est, le maillet de sucellus et sa serpe se sont transformés en faux.
L’iconographie du dieu au maillet prend pleinement son essor la fin du IIe siècle, à une époque où les représentations du dieu aux bois de cerf se raréfient, comme si la ramure et la posture en tailleur ne convenaient plus au goût romanisé des élites.
Anne Lombard-‐Jourdan suppose que Cernunnos lui a cédé la place.
Pourtant les rôles sont partagés, puisque le premier est surtout attesté dans le Centre et le Centre-‐Est, et le second dans la vallée du Rhône, au voisinage de la méditerranée, en pays éduen et dans l’est de la Gaule.
On peut émettre l’hypothèse qu’il est un avatar du «dieu fécondateur », dont les attributs virils ne seraient plus le cerf et sa ramure, le sac, le serpent et la corne d’abondance, mais le grand maillet et le petit pot.
Sucellus a des points communs aussi avec Mercure, Jupiter, Dis pater-‐Pluton, Silvain, Dionysos:
en fait tous les dieux qu’on a déjà rencontrés à propos du dieu aux bois de cerf.
Synthèse et théorie de J.J. Hatt sur SUCELLUS
Sucellus-Dispater-Silvain est l'un des dieux masculins les plus importants du panthéon celtique et gallo-romain.
Il a participé à la formation de ce dernier, comme à son évolution.
Divinité plurivalente, simultanément sidéral et chtonien, il est, comme le Mars indigène, antérieur à l'introduction du système tripartite des grands dieux celtiques.
Il se distingue toutefois du Mars indigène par son unicité : il n'est pas, comme lui, pourvu d'épithètes régionales ou topiques.
Il est toujours semblable à lui même grâce aux principaux attributs qui le caractérisent : maillet, pot, chien, tonneau, en dépit des deux noms qui lui ont été dévolus dans le processus des interprétations celtiques des dieux latins :
Silvain, Dispater.
Toutefois, à l'instar de Mars, il a contaminé le grand dieu sidéral celtique Taranis, comme en témoignent les Gloses de Berne et les monnaies gauloises.
Son destin le distingue fortement des Mars indigènes. Ce dernier a rencontré les faveurs du pouvoir romain. Il est devenu le préféré des aristocraties municipales et des prêtres des autels du Confluent.
Au contraire, il semble que Sucellus ait été quelque peu marginalisé. Il a été particulièrement adoré par les peuples traditionnalistes peu celtisés, des Alpilles aux Alpes de Haute-Provence.
Sa vogue entre Loire et Saône, chez les Héduens-Lingons-Senons, tient au fait que ces peuples également sont restés particulièrement fidèles aux traditions préceltiques, qui constituent la trame même de leur tissu religieux régional.
Sa clientèle se recrute principalement parmi les artisans, les viticulteurs, les esclaves et les affranchis, les propriétaires ruraux, les marchands enrichis ayant acquis des domaines à la campagne et leur domesticité.
Ses racines archaïques le rapprochent des traditions irlandaises, correspondant elles mêmes en grande partie, à un étage religieux plus ancien que le Ve siècle avant J.C. Cet étage est probablement contemporain de la culture des cavaliers et des guerriers porteurs de l'épée longue du Hallsttatien Ancien, comme en témoigne sa répartition en Gaule dans les pays où se rencontrent en nombre les tombes de ces derniers (Bourgogne, vallée de la Saône et région du Bas-Rhône).
Le chaudron de Gundestrup le présente comme un dieu auxiliaire, chargé de la protection des morts dans leur voyage vers l'au-delà, présidant au culte domestique du foyer et des ancêtres. Il est lui même, d'après César, et conformément à la doctrine druidique, l'ancêtre commun de la race gauloise.
C'est sans doute là l'ultime égard que les druides lui ont manifesté, après l'avoir mis à l'écart des grands dieux.
A l'époque gallo-romaine, ses fonctions sont précisées par ses attributs. Son maillet-sceptre fait de lui une divinité souveraine, dominus en latin, KYPIOC en grec, à l'instar de l'hellénistique Sérapis, dont il porte la chevelure.
Conformément à son mythe, parallèle à celui du dieu irlandais qui lui ressemble le plus, Goibniu, son maillet, affectant souvent la forme de celui des tonneliers, ses tonneaux, ses amphores, son pot lui confèrent un véritable patronage sur la fabrication des boissons alcooliques, breuvages d'immortalité.
Il se confond avec Liber-Pater, le Bacchus latin. La fréquence parmi ses attributs du tonneau, spécialité nationale de l'artisanat gaulois, sa prééminence comme patron des carriers, les outils artisanaux présents à l'envers de la statue de Javols, font de lui l'un des divins patrons des artisans groupés en confréries religieuses.
En dépit de son caractère marginal, il est donc bien un grand dieu.
A ses diverses appellations:
- Silvain dans le Midi,
- Sucellus dans le Nord-Est et Centre Est
- Dispater en Germanie,
- Vulcanus dans le Centre Est:
Sous cet aspect, on le rencontre en association avec Jupiter, Apollon, Hercule, Junon, la Victoire, Vénus, en des allégories exprimant son alliance avec la divinité céleste pour l'apparition des sources fécondantes.
Des exemples de ce genre se rencontrent à Paris, Mavilly, à Escolives, et dans les cités des Némètes, des Vangions et les districts militairesdu Limes germano-rhétique.
le dieu a son origine dans la région du Rhône et de la Saône.
Son nom est surtout attesté dans une région qui s’étend de la haute Loire au Rhin, chez les Éduens, les Lingons, les Leuques et les Médiomatriques.
Des inscriptions en Narbonnaise, en Germanie Supérieure et même en Angleterre, indiquent cependant une notoriété qui dépasse les limites de la nation gauloise.
Inconnu dans la Gaule de l’Ouest, qui se distingue à bien d’autres égards, il est souvent remplacé aux abords de la méditerranée par Silvain, dont le nom est, quant à lui, connu dans toute la Gaule.
La répartition de son iconographie est assez étrange, puisque le groupe sucellus et de sa parèdre ne se rencontre que dans le nord-‐est de la Gaule, que ses attributs isolés sont figurés seulement dans la vallée du bas Rhône, et que le dieu est assimilé à Silvain dans le midi.
En outre, ses représentations sont exclusives de celles du cavalier au géant anguipède, du tricéphale, du dieu assis en tailleur et du dieu à la ramure de cerf, ainsi que d’autres motifs comme le taureau à trois cornes et le serpent à tête de bélier. On peut donc soupçonner que toutes ses figures sont les avatars d’une même entité divine.
On peut, avec Lambrechts, le classer comme un intermédiaire entre Silvain, imprégné de l’imagerie classique, et Cernunnos plus ancré dans les traditions laténiennes.
Lambrechts remarque également que « le dieu suprême des Gaulois » est rapproché de Jupiter dans l’aire de pénétration de sucellus et de Silvain, mais de Mercure dans le reste de la Gaule ; ce qui bien évidemment étaye l’hypothèse d’un dieu unique actualisé çà et là suivant différentes perspectives, et qui malgré la diffraction polythéiste laisse entrevoir dans ses rôles sa propre personnalité.
le plus important dieu romain assimilé à sucellus est Silvain, lui-‐même représenté sur de nombreux monuments du midi de la Gaule avec le maillet et l’olla.
Diane, qui est habituellement sa parèdre, apparaît à côté du dieu au maillet sur un relief de Mayence, Sucellus lui rend la politesse en empruntant la faucille, la serpette et la syrinx.
Deux inscriptions associent d’ailleurs ces deux noms, l’une à Augst près de Bâle :
- in honor(em) d(omus) d(ivinae) Deo Svcello Sil(vius ou vano) Spart(us),
l’autre :
- Deo Svcelo [S]ilvano sur un autel décoré sur deux faces par des arbres (peut-‐être des cyprès) à Worms.
Or Silvain est lui aussi chtonien et céleste à la fois:
un monument de Narbonnaise qui mentionne Jupiter et Silvain montre le foudre (keraunós en grec), le maillet et la roue sur la face principale, le foudre et la roue sur celle de droite, faste et céleste ; le maillet, le pot et la serpe sur celle de gauche, néfaste et chtonienne. Un arbuste est figuré au dos de statuettes qui le présentent comme un dieu agreste.
Le dieu au maillet de Glanum porte aussi une couronne de feuillage, et des dédicaces deo silvano figurent le maillet et parfois l’olla. Silvain et sucellus semblent avoir été interchangeables.
La peau de loup que l’un ou l’autre peuvent porter fait penser à un être sauvage, sylvestre, nocturne et dangereux.
L’Apollon gaulois ou le dieu guerrier Intarabus (ou Mars Intarabus) des Trévires en sont également revêtus.
Or Silvain est proche de Cernunnos : le dieu du Donon qui lui être assimilé a des attributs de Silvain comme la pomme de pin et l’herminette.
Un autre dieu au cerf, Cocidius, a été identifié à Silvain près du limes d’Hadrien en Grande-‐Bretagne.
Le relief de Risingham par exemple représente Cocidius en chasseur, avec un chien, un cerf et un arbre ; sur une autre face, on voit une biche et son faon sous un autre arbre.
Il en est de même pour le dieu cornu ithyphallique des Brigantes, d’ordinaire considéré comme Mars ou Mercure, qui est identifié à Silvain sur un relief de Moresby.
sucellus est une divinité champêtre et agricole, un dieu pastoral, protecteur des récoltes et des troupaux.
sucellus est un dieu "dispensateur d'aliments". Il est le détenteur de la prospérité, symbolisée par cet autre attribut qu’est le chaudron, dans sa main droite. C’est un dieu de la nature nourricière, des forêts et des plantations.
Dieu de la fetilité de la nature domestiquée, il Veille sur les limites, les confins, la frontière entre les lieux cultivés et les lieux incultes (matérialisés par les cippes de bornage).
Il préside à la fertilité des champs et à la génération des animaux d'elevage; représentant de la vie nomade et pastorale, en même temps que de l'existence sédentaire des laboureurs primitifs; il est le dieu de la terre cultivée.
Sucellus est aussi considéré comme le dispensateur de la boisson assimilant les fonctions de Dionysos Bacchus. Une "modernisation" fonctionelle comme Bacchus quand celui ci a assimilé Liber Pater. D'ailleurs sucellus est une assimilation/modérnisation/remplacement de Cernunnos le LiberPater Gaulois.
On trouve une statue à Javols (Lozère), qui associe ce dieu et une amphore. Découverte en 1969, elle est datée de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle. On remarque notamment sur la sculpture, à côté du personnage, une amphore, deux tonneaux et une corne d’abondance.
Sucellus maîtriserait aussi l'artisanat du bois, dont la tonnellerie. Cette maîtrise de l'artisanat du bois le rapproche du Luachtai Irlandais.
En quoi les coups de son maillet sont bénéfiques. S’agit-‐il de l’acte procréateur ? On remarquera sa chevelure et sa barbe, amplement bouclées qui ne font pas penser à Jupiter par hasard :
la procréation correspond à la fécondation universelle mise en œuvre par le dieu atmosphérique en délivrant les eaux vivifiantes (de Nantosuelta ) par ses coups répétés.
On peut s’étonner que le dieu au maillet emprunte son attribut principal à Charun, le dieu étrusque qui garde l’entrée des enfers.
Les Celtes de la vallée du Pô ont côtoyé les Etrusques pendant deux siècles après avoir commercé avec eux au moins aussi longtemps justement par les voies qui traversent les régions où sucellus est le plus attesté.
Charun dont l’attribut caractéristique est aussi un maillet , dont il se sert pour assommer les défunts qui tentent de s’échapper des enfers ; ce qui fait de lui un bienfaiteur des vivants qui craignent les revenants par-‐dessus tout. Il est ainsi celui qui fait respecter la limite, et qui contrôle le passage entre la vie et la mort.
Un thème récurrent à propos de Sucellus, comme le montre l’autel de Marseille illustré par la barque de Charon dirigée par un oiseau. Il a été représenté également sous les traits de Mercure-‐Hermès, que Gaulois et Étrusques considéraient d’abord comme une divinité « funéraire ». Sucellus est donc bien un dieu qui donne la vie ou la mort avec son maillet. Renvoyer les morts là où ils doivent être est une opération symétrique de l’engendrement.
D’où peut-‐être la tradition autrefois répandue en Wallonie selon laquelle, à la Saint-‐Hubert, des enfants frappaient aux portes des maisons avec un maillet pour obtenir une aumône. La porte, le moment de l’année en fin de la période de végétation, la proximité de la fête des morts aux coutumes apparentées, tout cela suggère la célébration d’un moment privilégié du cycle antithétique dont le dieu entretient l’éternel recommencement.
Par delà sa fonction spécifique, le maillet est un attribut de souveraineté : il évoque la haste de Zeus, Poséidon ou Hadès.
L’inscription de Mayence à I(uppiter) O(ptimus) M(aximus) Sucaelo assimile le dieu celte au Jupiter romain en tant que dieu du ciel et le lapsus de la dédicace « à Jupiter et à Sucaelus » de l’autel de Psalmodi dans le Gard va dans le même sens en révélant peut-‐être la pensée du sculpteur et l’être profond du dieu.
Tous deux ont la barbe pleine, la chevelure abondante et bouclée, ainsi que l’expression majestueuse et sereine qu’on connaît de Jupiter. La disposition des maillets en cercle rapproche, on l’a vu, sucellus du dieu à la roue. Et on s’est demandé si ses coups ne sont pas aussi des coups de tonnerre.
Le dieu au maillet rassemble en lui les traits de Jupiter et de Pluton : Zeus Katachtonios.
Il a « conservé les attributs des dieux qui ont contribué à son élaboration :
- la coiffure en modius de Jupiter-‐Sérapis,
- la dépouille de loup et le chien de Silvain,
- le pétase et les attributs du Mercure cernunnien, dont il adopte parfois la pose assise » comme sur la statuette en bronze de Vassel (Puy-‐de-Dôme).
Sucellus a un point commun important avec le Dagda des Irlandais, détenteur d’une massue qui donne la mort ou la vie, et d’un chaudron d’abondance, d’immortalité et de résurrection dont il alimente ceux qui viennent à lui.
Sa puissance fécondante fait de lui un avatar convenable du Dis pater que César mentionne en tant que père de la race gauloise. Elle explique les symboles d’abondance comme l’olla, le tonneau et l’amphore qui contiennent le breuvage de félicité et d’immortalité.
S’il est un dieu céleste et infernal à la fois, sucellus est aussi, comme Cernunnos, le dieu de l’hiérogamie primordiale. Les deux domaines sont liés.
N’est-‐ce pas l’union de la force du ciel et des profondeurs infernales qui fécondait l’univers et l’abondance en même temps que la vie ?
Ses nombreux maillets suggèrent qu’il remplit sa fonction d’autant mieux qu’il frappe de nombreuses fois, et que ces coups ininterrompus marquent le cycle annuel.
Sa force de frappe le range aux côtés de Taranis. Mais son acte est plus visiblement fécondant, puisqu’il tient dans une main le symbole virile qu’est le maillet et dans l’autre l’olla qui ne peut être qu’un symbole féminin.
Cette fécondation consiste-‐t-‐elle à réunir l’eau et le feu, à faire entrer l’esprit dans la matière pour l’animer ?
Elle est en tout cas est liée à l’arbre de Silvain, au travail de la vigne et du vin de Dionysos, ainsi qu’à l’industrie de Mercure.
Il est comme Cernunnos un fécondateur universel doté de traits célestes et chtonien.
Mais sucellus se distingue par son côté actif et météorologique, au contraire de Cernunnos qui reste assis et œuvre avec ses serpents et ses bois de cerf à la croissance et au renouvellement dans l’impassibilité et le non-‐agir du cycle des astres.