MYTHOLOGIES

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4 Les Diane Gauloises, Artio, Arduina, Abnoba....

 

Diana est une chasseresse intrépide, une vierge confirmée, une déesse-lune et un protecteur des femmes enceintes, Diana a une allure qui lui est propre. Dans le même temps, elle est une déesse dont l'importance historique est hors de l'ordinaire sur plus d'un compte. Les Gaulois lui étaient très fidèles; ils ont identifié avec elle les divinités de plusieurs endroits importants. 

Certaines preuves suggèrent que les anciens Latins l'avaient considérée comme le partenaire de Janus. Diane d'Éphèse , aspect important de la déesse que nous dirons plus tard, est censée représenter une déesse de la fertilité du type mère-déesse anatolienne. 

Son animal préféré est le cerf (y compris parfois aussi bien que les cerfs), mais tous les animaux sauvages sont sous sa protection, des chiens et des sangliers aux lièvres et loutres, même aux abeilles et aux poissons. L'arbre qui lui est sacré est le pin. Parmi les animaux sacrifiés à elle étaient le cerf, le chien et la chèvre.

 

Les Gaulois donnaient souvent à la déesse le titre d' Augusta

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Abnoba (déesse de la crête de la Forêt Noire où se dresse le Danube).

 

 

atronne de la chasse et des animaux sauvages, Diana est clairement à la maison dans la Forêt Noire, où elle était particulièrement vénérée. L'épithète locale qui lui a été donnée est Abnoba , comme à Badenweiler, Mühlenbach et Stettfeld. Elle est ainsi la divinité éponyme de la crête - que Ptolémée appelle les collines d' Abnobaei - où se trouvent les sources du Danube.  Ce sont dans le district actuel de Schwarzwald-Baar dans le Bade-Wurtemberg. D'autres inscriptions honorant la déesse Abnoba, sans l'identifier à Diana, ont été trouvées à Alpirsbach, Bad Cannstatt, Pforzheim et Waldmössingen.

Plus bas sur le Rhin, les habitants de Wiesbaden présentent un aspect différent de Diane, à savoir Diane Mattiaca . Comme la tribu locale est la Mattiaci et Wiesbaden est leur capitale, Aquae Mattiacorum , le nom Diane Mattiaca peut ainsi être rendu comme «Diana le Wiesbadener».

 

 

Artio, Diane ourse Helvete: étude sur le culte de l'ours dans les mythologies

 

 

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Dans le monde celtique, l’ours , roi des animaux ( avant d'etre supplanté par le lion des chretien ) était l’emblème ou le symbole de la classe guerrière, s’opposant systématiquement au sanglier qui était le symbole de la classe sacerdotale.

 

Artio signifie ours en langue gauloise, animal emblématique de la royauté chez les Celtes.

On retrouve la même racine dans d'autres langues celtiques : 

art en ancien irlandais, arth engallois, arz en breton. C'est de cette racine que provient le nom du roi Arthur.

On peut rapprocher cette racine de celle du nom de la déesse grecque Artémis, dont un attribut était l'ours (arctos en grec). Art vient de arkt- correspondant à ἄρκτος / árktos « ourse, Grande Ourse », et de θέμις / thémis qui désigne chez les Grecs une grande force, « l'ordre établi par les dieux ». Compte tenu du fait que les signes du zodiaque étaient connus des Grecs, qu'ils ont fait probablement l'objet d'un enseignement religieux à Delphes, et que pour les peuples de l'Antiquité, l'ordre du monde était fondamentalement identique à l'ordre du ciel, Artémis pourrait donc être la Régente de la loi de l'Ourse, constellation qui se confond avec l'ordre même du ciel 

Dans le sanctuaire d'Artémis de Brauron, lors de la fête des Brauronies, certaines fillettes réglées , revêtues d'une robe couleur de safran, étaient conduites à la déesse et consacrées pendant cinq ans à Artémis, sous le nom d’ourses ou oursonnes (le nom restera pour désigner les règles)

 

Selon certains archéologues, les poteries de la culture deVinča suggèrent que le culte d'une divinité ursine était répandu chez les proto-Indo-Européens du Danube. Artémis serait donc l'équivalente de la déesse Artio.

 

 

 

En Gaule, la déesse Artio, déesse qui semble avoir également été très vénérée par le peuple des Helvètes, et à Berne, toujours associée à l’ours, marque symboliquement le caractère féminin de la classe guerrière. On peut noter aussi que les Gallois nomment « cerbyd Arthur », le « char d’Arthur », les constellations à symbolisme polaire de la Grande et de la Petite Ourse.

 

Autre racine qui veut dire « Ours », le terme germanique de « BER » ou « BÄR ». On retrouvera ce terme dans de nombreuses villes dont les armoiries comporteront un Ours telles que Berlin ou Berne. C’est proche de cette dernière ville, à Muri, que l’on a découvert une statuette gallo-romaine représentant la Déesse Artio face à son Ours.

 

dans la mythologie germano-scandinave le premier  Dieu était Bor et ce nom est à rapprocher de l’allemand Bär ou de l’anglais Bear “Ours” puis, il engendra le dieu Buri ( fils de l'ours) le paysan.

Lisant les intéressants récits de voyage rapportés par Labbé ou par von Schrenck, nous nous sommes persuadés que les vieux ancêtres des nordiques, Bor et Buri son fils, étaient les héritiers du culte paléolithique de l’Ours. En effet, nous avons Bär comme nom de l’ours chez les Nordiques, Bœr et Bauer le nom des paysans, et Bayern la province des Bavarois. Semble aussi s’en rapprocher, ainsi que le nom des Bouriates (d’autres fils de Bor), donc de lointains cousins vers le soleil levant.
          Odhin Berserker signifie Odhin “à la peau d’ours”, ces Berserkers, dont nous parle Tacite, sont les membres d’un Ordre guerrier germanique, c’était une Chevalerie avant la lettre… chrétienne;  

 

Remarque, au passage, sur l’évolution probable de nos sociétés :

  • dans les sociétés cavernicoles, l’Ourse est la mère primordiale (par exemple pour la Teuta/ tribu gauloise des Matu-génos, qui sont les “fils de l’Ours”) ; On dit que l'ours est le double de l'homme et le roi des animaux.
  • ensuite, dans les sociétés de chasseurs, le Cerf devient le “Père de la Teuta” (tribu )
  • puis dans les sociétés Agricoles c’est le Taureau toujours de 3ème Fonction dumézilienne ; la génisse et la truie représente la déesse mère. 
  • enfin, dans les sociétés guerrières c’est le Cheval ou la Jument  de 2ème Fonction, des “envahisseurs” nordiques qui ont fuit le raz de marée du XIIIème siècle avant notre Ère ;
  • et enfin ce sera le Corbeau ou l’Aigle qui symboliseront l’intelligence, la vue claire, la décision “foudroyante”, l’attribut du Chef. Le sanglier représentera la 1ere fonction, sacerdotale.Le culte de la déesse à l’Ours ou à l’Ourse a été pratiqué dans une zone que l’on peut qualifier de « rhénane » allant de Berne chez les Helvètes, jusqu’à Trèves chez les Trévires ; avec fort probablement un prolongement vers le nord de la Gaule sous le vocable de Ursa.

 

En Alsace, c’est à Andlau que l’on va trouver par analogie le culte d’Artio. En effet, la légende chrétienne dit qu’un ange apparaît à Sainte Richarde de Souabe (à noter que le mot « Souabe » vient de la tribu celto-germaine des « Suèves »). Cet ange lui demande de faire construire un monastère à l’endroit où une ourse grattera le sol. C’est effectivement dans le val d’Eléon (ancien nom d’Andlau) que Richarde verra son ourse.

On peut transposer aisément cette légende dans le sens où « là où il y avait déjà un culte à la Déesse Artio, il faudra construire un monastère chrétien ». Ce qui fut fait. Nous sommes en l’an 880. Et en effet, il existait bien avant à cet endroit un lieu dédié à l’ours, donc probablement à Artio. De ce lieu, il ne nous reste que le rocher de la légende, situé sous une petite trappe en bois dans la crypte de l’abbaye d’Andlau.

 

Durant le haut Moyen Age, l’ours fut célébré dans une grande partie de l’Europe, en particulier le 11 novembre qui correspond à la fois à la date théorique du son début d’hivernation et à l’hivernage pour les paysans.

Cette date symbolisait « le passage du dehors au-dedans, de la vie à la mort » en relation avec le calendrier ; elle donnait lieu à des rites païens impliquant des déguisements, des danses et des jeux sexuels.

De même, les 2 et 3 février étaient associés à la sortie de l’hivernation et les fêtes impliquaient des viols et rapts simulés.

Ces festivités étaient particulièrement fréquente dans les Ardennes et le croissant alpin, deux régions où étaient vénérées les déesses celtes liées à l’ours, Arduinna et Artio. Une très ancienne légende, probablement issue d’un motif indo-européen, veut que l’ours expulse les âmes des morts qu’il porte dans son ventre en émettant un pet à son réveil de l’hivernation et, chevaucher un ours était censé guérir divers maux.

 

 

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Arduinna, Diane au sanglier des Ardennes

 

 

Les Ardennes forment une région vallonnée qui se situe à cheval sur la Belgique, le Luxembourg, et le Nord de la France. C’est un très vieux massif dont les profondes forêts sont parsemées d’anciens mystères. Ce sont les Celtes qui s’installèrent au 8è siècle avant l’ère vulgaire dans ces contrées de l’Europe occidentale. On compte parmi ces Celtes de nombreuses tribus comme les Nerviens, Trévires, Rèmes, Condruzes, Éburons, Pémanes, Sègnes, et Aduatuques. Leur isolement géographique a souvent permis que perdure au-delà de la romanisation et de la première phase de christianisation, certaines traditions anciennes. Lorsque ces peuples celtes arrivèrent au 1er millénaire avant l’ère vulgaire, ils apportèrent avec eux, en plus de leurs Dieux majeurs hérités du panthéon indo-européen, le culte à des Déesses dont l’importance est commune à tous les Celtes. Ces Déesses étaient elles-mêmes héritières d’un passé très lointain, souvent issues du néolithique ancien et de la religiosité de ces ancêtres de la nuit des temps. Les Celtes sont connus pour avoir intégré dans des proportions assez conséquentes des éléments de culte des populations européennes antérieures. Ce n’est donc pas un hasard que les Ardennes tirent leur nom d’une Déesse celte du nom d’Arduinna. Les Ardennes sont ainsi la terre de la Déesse Arduinna.


Le nom d’Arduinna semble venir du gaulois arduo-, ce qui se traduit par «hauteur», ce qui pourrait faire référence aux hauteurs boisées du massif des Ardennes. Mais la racine linguistique arduo semble également reposer sur une autre étymologie qui nous renvoie au mot «Ours», tel qu’on la retrouve dans des noms eux aussi signifiant «ours», comme Arthur, arctique, Artio,… Arduinna serait ainsi à l’origine une Déesse-Ourse. L’ourse est dans toutes les traditions païennes une figuration de la Terre-Mère, la grande Déesse nourricière. 

Bien qu’il existe une représentation d’Arduinna chevauchant un sanglier (en bas à gauche sur la photo), il n’en reste pas moins que la fonction de la Déesse va bien en-deçà de ce sanglier qui ne serait qu’un simple attribut. Ceux qui ont voulu en faire une Déesse des sangliers, se sont trompés. Surtout si l’on tient compte du fait qu’il existe de sérieux doutes quant à cette statuette au sanglier, car en effet plus d’un spécialiste de la question affirme que cette représentation viendrait en fait du Jura, et n’aurait par conséquence aucun lien avec Arduinna.

Quoiqu’il en soit, Arduinna est l’aspect sauvage et originel de la grande Déesse, la Terre dans son jeune âge, la terre encore inviolée et vierge. À son culte sont intimement liées toutes les richesses des forêts ardennaises, richesses composées de ses animaux sauvages, de ses sources, et de ses arbres. Arduinna est la Déesse de la faune et de la flore qui veille à la fertilité et fécondité de tout ce qui croît dans ses bois magiques. Elle protège et assure toute l’abondance naturelle qui donne vie aux forêts, à ses animaux, ses baies, ses légumes sauvages, ses sources sacrées, ses plantes médicinales et ses arbres majestueux. Un des lieux de culte connus d’Arduinna fut le mont Saint-Walfroy, où jadis se trouvait un temple païen dédié à la Déesse.

 

 



09/10/2017