MYTHOLOGIES

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3b Esus, Mars Silvanus, Jupiter optimus. Dispater Psychopompe

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Esus, Le maître ou le Meilleur, Jupiter de la végétation (d'ailleur sur le pilier des Nautes il à l'opposé de Iovis soulignant leur équivalence) sous la rôle de Dieu de la fertilité et de la vie et non pas comme Maitre de la foudre ( Taranis)

 

ESUS l'enflammé veille sur le feu dans l'eau, éléments mythique indo européen (comme Volcanus).

Il est le "Patrice" (masculin de Matrice) de toute vie.  

Dieu barbu ou non, représenté en élagueur, serpe ou hache à la main, au pied d’un arbre (saule?).

En élaguant l'arbre primordial qui soutient l'univers et se repend dans les 3 mondes, il participe au renouveau cyclique de la vie.

Le taureau et les 3 grues appuient cette thèse de par leur symbolique.

 

Dès la fin du néolithique, la hache est l’emblème des divinités fécondatrices; la présence du taureau renforce cette idée.

 

Dieu guerrier de la fertilité printanière et de la sexualité, Il est le principe  de toute vie.

On aborde   simultanément deux dimensions :

celle de la guerre  et celle de l'agriculture:

tout ce qui «jaillit » avec force vient de lui:

l'eau de la Terre, le sperme de l'Homme, les Arbres de la forêt.  

 

Lié à la nature, Esus  est un dieu de la renaissance qui incarne le renouveau de la vie après la mort dans le cycle des saisons. 

 

Son attribut est le gui  symbole magique du renouvellement et de la continuité et de l'éternité qu'utilisaient les druides.

 

On retrouve ce concept chez le Mars Romain:  

ses fonctions de dieu de l'agriculture, puis de dieu de la guerre, correspondent aux deux états successifs du citoyen romain, qui fut un agriculteur avant d'être un conquérant. 

 

Mars est le dieu de la végétation et de la nature génératrice.

Les Romains invoquaient déjà Mars Gradivus, qui fait pousser, et Mars Silvanus, lié à la fécondité (Silvanus deviendra par la suite un dieu bien distinct ), Dieu des forêts qui veille sur les limites, les confins, la frontière entre les lieux cultivés et les lieux incultes;

 

Tout comme Mars dans les temps anciens, Esus est un Mars de la végétation et de la nature génératrice et protège de façon générale les paysans, l'agriculture et préside à la prospérité des troupeaux. 

 

 

Esus serait le dieu des sombres forêts de la Gaule et le protecteur des mariniers de la Seine qui, comme ceux du Rhône, étaient probablement aussi des ratiarii, c.-à-d. des conducteurs de radeaux et de trains de bois flotté.

 

 

 

 LE DIEU CELTE ESUS... Du gui, de la renaissance de la vie d'après JJ Hatt

Avant les révélations du professeur et archéologue Jean-Jacques Hatt, nous ne savions presque rien de ce Dieu celte Esus.

Une mention de l'auteur romain Lucain et une statue portant son nom, voilà tout ce que avions comme éléments pour cerner ce Dieu.

Lucain disait de lui qu'on lui sacrifiait des hommes par pendaison, très certainement des guerriers vaincus au combat.

Une représentation portant son nom, le montre avec une hache en train de couper un arbre, un saule très exactement. Cette représentation est celle du pilier des Nautes à Paris. 


Le saule est un arbre qui pousse près des rivières, ce qui nous ramène au symbolisme de l'eau. L'élément aquatique est une image du pouvoir fécondant masculin. Sur ce même pilier figure un taureau et trois grues ), image que nous avons pu voir sur le chaudron de Gundestrup et qui fut identifiée au mythe de la Déesse Rigani. 

Mais la découverte symbolique de Jean-Jacques Hatt fut de relier le Dieu Esus au motif des feuilles de gui qui couronnent la tête du Dieu. Le gui chez les Celtes est symbole de vie, il est le végétal qui pousse en plein hiver alors que les autres plantes sont apparemment mortes. Il se rattache au symbolisme de l'ever green (le "toujours vert"), et tout comme notre sapin de noël, il est l'espoir de la vie qui doit renaître au printemps. Cet aspect confirme donc le rattachement du dieu Esus aux notions de fertilité et fécondité. 

L'autre découverte du professeur Hatt fut celle qui le mena vers l'hypothèse suivante:

Esus serait en fait un Dieu changeant d'aspect selon les cycles de l'année.

En -5 Le dieu Esus Archaïque a assimilé un dieu cerf préhistorique de la fertilité et un Mars indigène preceltique, guerrier solaire et agricole et dieu de eaux guerisseuse.

Au sortir de l'hiver le dieu Esus s'unit à la Terre-Mère, la Déesse Rigani, c'est la célébration de la reine de Mai, la fête du printemps. Avec l'arrivée de l'automne, le dieu Esus devient un dieu aux bois de cerf, Cernunnos qui descend dans les entrailles de la terre et est rejoint par Rigani.

Suite au sacrifice rituel du cerf pour la fête de l'hiver (période du carnaval), Esus remonte de l'infra-monde et perd ses bois. 

 

Esus apparaît seulement deux fois dans l’épigraphie et jamais associé à un nom de dieu romain. Une fois sur le célèbre pilier des Nautes, à Paris. Une autre fois à Cherchel en Algérie. Néanmoins, il apparaît également une fois sous la forme de Esunertus Mercurius en Allemagne (Esunertus= la force d’Esus).

Esus était le dieu gaulois des pendus et que se faisant, il était l’homologue de ses « cousins », le germanique Wodan et le scandinave Odin et un surnom pour désigner un dieu celtique déjà connu,à la fois chez les Celtes continentaux et les celtes insulaires irlandais, Ogmios.

 Esus était également un dieu guerrier,  les Celtes  pratiquaient la pendaison des prisonniers de guerre en hommage à leur dieu, tout comme les Germains  pour leur dieu Wotan. Les Celtes devaient donc évoquer Esus de manière similaire aux Germains pour des motifs guerriers

 

Nous avons vu que tous ces points s’accordaient parfaitement à Esus /Ogmios / Odin :

· Odin (identifié à Mercure par les romains) est le dieu intellectuel du Savoir, tout comme Ogmios. Le fait que l’artiste allemand de la renaissance, Dürer, ait illustré le texte de Lucien en représentant Ogmios sous la forme de Mercure et non pas d’Hercule (comme pourtant explicitement dit dans le texte) est frappant (cf. figure n°1).

· Odin est le dieu voyageur par excellence que l’homme en chemin croise sur sa route et qui, bien qu’inquiétant, lui vient le plus souvent en aide.

· Odin n’est pas un dieu commerçant. Cependant, il a des fonctions qui facilitent les relations commerciales : d’abord son aspect de protecteur du voyageur, qui concerne au premier chef les commerçants ; ensuite ses talents d’éloquence, donc de persuasion, doivent tenter le commerçant ; enfin (et surtout) Odin fait penser, par sa façon de fonctionner, au Destin, à la Fortune, qui apporte à chacun son lot, que l’on espère prospère. A ce titre, les commerçants devaient le prier de leur être favorable : c’est d’ailleurs l’esprit de la scolie de Berne qui dit que

« Ils croient en un Esus Mercure, si celui-ci est honoré par les commerçants. »

 

Esus est un des dieux représentés dans le célèbre pilier des Nautes à Paris. Sa position dans le monument est importante :

Esus partage les quatre faces de son dé avec Vulcain, Jupiter et Tarvos Trigaranus.

Par ailleurs, un autre dé contient sur ses quatre faces Cernunnos, Castor, Pollux et Smertrios ; on voit qu’il y a donc volonté de classer les dieux par domaine fonctionnel :

 

·Le dé de Cernunnos regroupe des divinités de la troisième fonction, pourvoyeuse de bien :

Castor et Pollux sont les équivalents des Nasatya védiques, dieux jumeaux de troisième fonction.

Cernunnos, notamment dans sa représentation de Reims (cf. figure n°2), semble aussi un pourvoyeur de richesse et de santé lorsqu’on le voit avec une bourse rebondie qui verse des pièces d’or, entouré de Mercure (prospérité commerciale) et Apollon (santé).

Smertrios enfin, dont le nom signifie en gaulois précisément le Pourvoyeur, ce qui le classe probablement dans cette famille de dieux.

· A contrario, le dé d’Esus semble contenir les dieux souverains et guerriers :

 Esus / Ogmios, le dieu varunien cousin d’Odin,

Vulcain dieu du feu forgeron est un ancien dieu du tonnerre qui fabrique les eclairs de Iovis et que l’on apparente à Sucellus et Thor

Jupiter dont  Taranis est l’équivalent Gaulois ou bien le souverain mitraen (le Dagda en Irlande, Tyr en Scandinavie).

Tarvos Trigaranis, le taureau primordiel à trois cornes ou grues reste mystérieux mais semble être une autre forme de Taranis.

 

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Le dossier Esus

 

Le dossier du dieu Esus est assez complexe car les éléments sont assez nombreux, tout comme les différentes hypothèses avancées sur le sujet depuis plus d’un siècle.

Ce dieu gaulois est connu par plusieurs sources qui datent de l’Antiquité.

Le monument le plus important sur lequel il est attesté est le bas-relief des Nautae Parisiaci. Il s’agit d’un pilier constitué de cinq blocs à quatre faces sculptées et dédié à Jupiter, qui remonte à l’époque de Tibère (14-37 apr. J.-C.) ; c’est d’ailleurs la plus ancienne sculpture datée qui ait été trouvée en France. Sur un bloc – celui qui était probablement posé au sommet du pilier –, une des faces représente un personnage court vêtu, barbu, en train d’ébrancher un arbre avec une serpe et surmonté du nom ESVS.

La face voisine montre un taureau derrière un arbre, avec une grue sur la tête et deux autres grues sur son dos ; la scène est surmontée par l’inscription TARVOS TRIGARANVS.

 

  L’autre monument important de ce dossier est une stèle retrouvée à Trèves (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) qui était l’ancienne capitale du peuple gaulois des Trévires et un centre gallo-romain important.

Elle est dédiée à un Mercure indigène qui est représenté imberbe, avec l’attitude d’un travailleur en train d’attaquer le tronc d’un arbre à l’aide d’un instrument allongé, dont il est difficile de préciser la nature exacte.

Sur le sommet de l’arbre figurent un taureau, dont on ne voit que la tête, et trois oiseaux. Les monuments de Paris et de Trèves représentent sans aucun doute une même scène mythologique, à en juger par la présence conjointe d’un dieu coupant un arbre, d’un taureau et de trois oiseaux.

 

Toutefois, il convient de noter deux différences : le personnage est barbu sur le pilier des Nautes et imberbe sur la stèle de Trèves ; il paraît simplement en train d’élaguer l’arbre sur le pilier, tandis qu’il l’abat sur la stèle.

 

Le parallèle établi entre les deux monuments permet surtout de supposer que le Mercure de Trèves représente Esus.

 Le nom de ce dieu gaulois apparaît également sur un fragment de stèle retrouvé à Cherchel (Algérie), qui faisait partie dans l’Antiquité de la Maurétanie Césarienne.

Esus figure peut-être aussi sur l’inscription qui est gravée sur le Mercure de Lezoux ; mais l’état de la surface inscrite est tel que la lecture s’avère très difficile.

 

Enfin, Esus apparaît en composition  dans une série d’anthroponymes : Esu-nertos « Qui a la force d’Esus », Esu-genos « Né d’Esus », Esu-magos « la plaine d’Esus », Esu-vios.

 

 Sur un plan linguistique, Esus, thème en -u, est un nom dont l’étymologie n’est pas assurée. En son temps, Henri d’Arbois de Jubainville expliquait Esus par *eisu-s < i.-e. *eis, *ois, *is que l’on retrouve dans skr. eś-, iś- « mettre en mouvement rapide, envoyer, lancer » – d’où iśirás « fort, frais, florissant » – ainsi que dans l’hydronyme gaulois Isara. Joseph Vendryes a proposé de faire remonter Esus de la racine i.-e. *esu-, qui se retrouve peut-être dans l’adjectif gr. εύ- « bon » et plus sûrement dans l’av. ahu- « maître » ou « génie » (cf. ahura- et son correspondant skr. aśura « démons »), ainsi que dans lat. erus « maître, propriétaire ».

 

 

Plusieurs spécialistes ont accepté cette explication et ont traduit Esus par « le (Bon) Maître », « le Divin ». Michel Lejeune a proposé une autre hypothèse intéressante en comparant Esus au vénète aisu-, qui est un nom générique de « dieu ». Esus serait-il alors le « Dieu » ?  

 

 

bilan sur les monuments de Paris et de Trèves. Nous pouvons le répartir sur trois niveaux :

 

1) Au niveau mythique : nous supposons qu’Esus apparaît dans le rôle du sacrificateur de l’Arbre Cosmique, un acte qui symbolisait peut-être la destruction du monde. Mais il faut admettre notre incapacité à comprendre le rôle exact du taureau et des trois grues dans cette séquence religieuse. Leur place doit certainement avoir de l’importance puisque, sur le pilier des Nautes, Tarvos Trigaranus apparaît comme un véritable nom, employé concurremment avec le nom des dieux représentés sur le même bloc, à savoir Iovis (= Jupiter), Volcanus et Esus

 

2) Au niveau rituel : à l’époque antique, le mythe représenté sur les deux monuments devait correspondre à un rite. Celui-ci s’est peut-être perpétué dans les traditions populaires, comme pourrait l’évoquer le folklore de Trèves avec l’abattage d’un arbre et la roue enflammée.

 

À ce propos, Claude Sterckx a réuni toute une série de témoignages sur le rite de faire dévaler une roue enflammée. Il en ressort que cette pratique était très répandue en Europe depuis le haut Moyen Âge, en particulier dans les pays habités par des populations celtiques.

Sur le plan de la symbolique religieuse, la roue enflammée peut être comprise comme une représentation du soleil ou/et du temps qui passe. Dans le cas de Trèves, nous pouvons supposer qu’elle exprimait la fin d’une période donnée. Cela serait en accord avec l’abattage de l’arbre, qui représenterait lui aussi cette idée de fin, en l’occurrence la destruction du monde.

 

3) Au niveau cultuel : nous savons, qu’à Paris, la corporation des nautes vouait entre autres un culte à Esus. Il peut être surprenant que ce type de profession utilise un monument qui représente  une  scène  aussi  prestigieuse  que  cette  éventuelle  fin  du  monde.  Mais  la  corporation qui vouait un culte à Esus devait bénéficier en retour d’un véritable prestige.

 

Ce  bilan  permet  désormais  d’y  voir  plus  clair  dans  l’interprétation  des  monuments  de Paris  et  de  Trèves.  La  suite  de  notre  étude  sur  Esus  va  nous  conduire  maintenant  à  confronter les  deux  monuments  antiques  au  commentaire  de  Berne.  

Deux  similitudes  contextuelles apparaissent  dans  les  deux  cas  :  

 

1)  L’arbre  :  Esus  l’abat  ou  l’élague  sur  les  monuments  ;  il  sert  de  support  pour  le  sacrifice  qui lui  est  offert  dans  le  commentaire.  

 

2)  La  présence  d’un  ou  plusieurs  sujets  dans  cet  arbre  :  le  taureau  et  les  trois  grues  sur  la  stèle de Trèves ; la victime d’Esus dans le commentaire.  

 

Cette  mise  en  parallèle  pourrait  nous  amener  à  considérer  comme  équivalents,  sur  un  plan fonctionnel,  le  taureau  et  les  trois  grues  d’un  côté,  la  victime  sacrifiée  de  l’autre.  Le  problème est  que  sur  la  stèle,  Esus  s’en  prend  à  l’arbre  et  non  aux  animaux,  même  si,  par  voie  de conséquence,  l’abattage  va  forcément  nuire  au  taureau  et  aux  trois  grues.  

On  peut  donc  se demander  si  les  victimes  d’Esus  sont  conjointement  l’arbre  et  les  sujets  qui  s’y  trouvent,  c’està-dire  le  taureau  et  les  trois  grues  sur  les  monuments,  et  la  victime  humaine  dans  le commentaire.

 

 

 En  tout  cas,  nous  rappelons  que  dans  les  matériaux  irlandais  et  gaulois,  le taureau  apparaît  justement  dans  le  cadre  de  rituels  sacrificiels  (la  tarbfeis  et  le  rituel  de  la cueillette de gui). Cette relation pourrait donc appuyer notre hypothèse.

Pour  en  savoir  davantage,  nous  devons  nous  interroger  sur  la  place  d’Esus  dans  le panthéon  gaulois  ;  cela  permettra,  par  la  même  occasion,  de  mieux  situer  la  fonction  du taureau  et  des  trois  grues.  Pour  répondre  à  cette  question  épineuse,  nous  allons  nous  appuyer sur l’interpretatio romana d’Esus et sur son dossier mythologique.

 

Qui  est  Esus? Mars? Mercure? Iovis? Une synthèse  des 3?

 

 

L’identification  d’Esus  fait  débat  depuis  longtemps.  Le  problème  vient  en  grande  partie des  commentaires  bernois,  puisque  chacun  des  deux  donne  sa  propre  interpretatio  romana.  

Le premier – celui qui décrit le sacrifice – associe Esus à Mars, tandis que le second l’associe à Mercure.   Plusieurs indices vont effectivement dans le sens d’une identification d’Esus à Mercure.

Tout d’abord, la stèle de Trèves est dédiée à Mercure. Les représentations de ce dieu sont d’ailleurs nombreuses dans cette cité, de même que chez les Médiomatrices, d’où serait issu le dédicant de la stèle de Trèves. Lors de fouilles pratiquées dans l’Altbachtal, dans un temple gallo-romain près de Trèves, on a retrouvé la statue d’un dieu aquatique à forme de taureau accompagné peut-être d’une tortue.

 

Ce dieu pourrait être Mercure, dans la mesure où la tortue est l’un de ses attributs fréquents. Dans cette hypothèse, nous aurions un autre indice de la présence de Mercure dans cette région, mais aussi de sa proximité avec le taureau.  

Esus et Mercure sont peut-être également associés sur la dédicace de Lezoux, si l’on suppose que le nom inscrit dessus correspond bien à Esus. Un autre indice provient de l’inscription de Pfalzburg (Bas-Rhin, Allemagne), sur laquelle Esu-nertos est l’épithète de Mercure.  

 

De son côté, Ann Ross appuie l’identification Esus-Mercure sur la base de leur rapport respectif aux arbres :

l’arbre semble être un élément essentiel de la mythologie d’Esus ; Mercure est étroitement lié aux arbres et aux forêts, comme en Alsace, où se retrouvent de nombreux petits temples dédiés à un Mercure des arbres et des bois.

 

  Ajoutons enfin qu’Esus et Mercure sont associés au transport fluvial :

le culte à Esus était rendu par la corporation des nautes ; Mercure était le dieu protecteur des marchands, des voyageurs et des routes, aussi bien terrestres que maritimes ou fluviales. La série d’indices que nous venons de relever plaide donc en faveur d’une identification d’Esus à Mercure.  

 

Mais d’autres hypothèses ont été proposées pour l’identification d’Esus à Mars: les hommes qui lui étaient sacrifiés devaient être des prisonniers faits à la bataille et dédiés à Mars, dieu de la guerre.   

 

Ensuite, le dieu jupitérien celtique est le détenteur de la roue, qui est l’un de ses principaux attributs. En Gaule romaine, la roue est l’attribut des dieux jupitériens, comme en témoignent les colonnes à l’anguipède, sur lesquelles Jupiter est armé dans quarante-huit cas d’une roue.

 

Dans le folklore de Trèves, il y avait conjointement un arbre abattu et une roue enflammée ; si cette tradition perpétuait un ancien rituel dédié à Esus, ce dieu serait alors bien associé à la roue.  

Enfin, les monuments de Paris et de Trèves décrivent peut-être un mythe de destruction du monde, qui s’exprimerait par l’abattage d’un arbre. Dans la mythologie irlandaise, le Dagda est le maître de la vie et de la mort. Ce pouvoir s’exprime notamment par sa massue, qui tue par un bout et ressuscite par l’autre.

Nous pouvons supposer que si le mythe d’Esus avait un parallèle connu en Irlande, c’est au Dagda que reviendrait la charge d’abattre un arbre, cet acte qui équivaut à la mort du monde.

Par son attribut (la roue) et sa fonction de destructeur, Esus pourrait effectivement être identifié au Jupiter celtique.  

 

Cette recherche sur l’identification d’Esus a permis de montrer la fragilité de l’interpretatio romana fournie par les commentaires de Berne. De manière générale,  ce procédé n’obéissait pas à des règles strictes et les Anciens n’étaient pas des historiens des religions.

En d’autres termes, un dieu indigène peut se révéler sous plusieurs noms de dieux classiques, de même qu’un nom de dieu classique peut servir pour désigner plusieurs dieux indigènes.

 

Dans le cas d’Esus, nous devons reconnaître la complexité de la situation. D’après le matériau gallo-romain:

  • son identification avec Mercure paraît la plus solide ; d’après la comparaison avec les littératures insulaires.
  • Son identification avec mars semble la plus évidente 
  • son identification avec Jupiter semble la plus convaincante.Quant à l’hésitation des scholies de Lucain entre Mercure et Mars, elles doivent nous faire nous  souvenir  qu’en  Grèce,  Hermès  n’est  pas  sans  proximité avec Ares.

     

    Hermès et Arès, ou Mercure et Mars (qui agissent parfois de concert, voir par exemple Antoninus Liberalis, XX, pour le  châtiment de  Polyphonté)  pourraient-ils  être  les  deux faces  d’une  même  personnalité divine, l’une pacifique et qui agrège (Mercure), l’autre violente et qui désagrège (Mars) ?

     

    On pourrait peut-être expliquer ainsi le décor du quatrième dé du pilier des Nautes parisien (la partie supérieure seule est conservée), où, à coté du dieu cornu (Cernunnos), qui semble en parallèle avec le taureau cornu du dé inférieur, et d’une figure au nom gaulois de Smertrios sont  représentés  les Dioscures, Castor et Pollux  : ceux-ci représenteraient Mercure-Ésus et Mars-Ésus/ Cernunnos  et Smertrios

 

Ce n’est en tout cas pas la première fois que nous rencontrons une ambiguïté entre le Dieu-Père (du type Dagda) et le Dieu-Fils (du type Lugus). Jusqu’à présent, ce chevauchement est intervenu au niveau des attributs ou des fonctions ; cette fois, elle concerne l’identification d’une figure divine.  

 

 

Quant à l’hésitation des scholies de Lucain entre Mercure et Mars, elles doivent nous faire nous  souvenir  qu’en  Grèce,  Hermès  n’est  pas  sans  proximité avec Ares.

 

Hermès et Arès, ou Mercure et Mars (qui agissent parfois de concert, voir par exemple Antoninus Liberalis, XX, pour le  châtiment de  Polyphonté)  pourraient-ils  être  les  deux faces  d’une  même  personnalité divine, l’une pacifique et qui agrège (Mercure), l’autre violente et qui désagrège (Mars) ?

 

On pourrait peut-être expliquer ainsi le décor du quatrième dé du pilier des Nautes parisien (la partie supérieure seule est conservée), où, à côté d’un dieu cornu (Cernunnos), qui semble en parallèle avec le taureau cornu du dé inférieur, et d’une figure au nom gaulois de Smertrios (à l’allure semblable à celle d’Ésus  : mais lui lève dans sa main droite une courte massue,  pour  frapper, non  plus  un arbre,  mais  un  serpent),  sont  représentés  les Dioscures, Castor et Pollux  : ceux-ci représenteraient Mercure-Ésus et Mars-Ésus (avec Smertrios en  lutte contre  le  serpent,  ce serait toujours  le  couple  divin  :  grande déesse sous  forme  de serpent et parèdre masculin en opposition interne). 



13/07/2015